Quel type de gobelet est le plus écologique ?
Gobelets en plastique, en carton ou réutilisables ? Serviettes en papier ou en tissu ? Certains citoyens s’interrogent quant à la solution la plus écologique. Curieux² Savoir est parti faire un petit tour d’horizon des études réalisées à ce sujet. Et il y a des surprises.
Date de publication : 23/10/15
Quels produits étudier ?
De nombreuses sortes de gobelets existent. Afin de comparer leurs impacts respectifs, les études présentées1,2 se sont concentrées sur 4 types de gobelets classiquement utilisés lors de vos soirées, fêtes et festivals:
- Polycarbonate réutilisable (PC) (plastique)
- Polypropylène à usage unique (PP) (plastique)
- Polylactide à usage unique (PLA) (plastique compostable)
- Carton à usage unique
Quels impacts prendre en compte ?
Afin de se faire une idée objective de l’impact des différents types de gobelets sur l’environnement et sur la santé, il convient de prendre en compte tous les facteurs de « pollution ». Pour comparer l’impact de chaque gobelet il s’agit donc d’étudier le gobelet tout au long de sa vie.
Il faut donc comptabiliser les impacts à partir de leur fabrication, en passant par leur transport, leur utilisation et jusqu’à leur fin de vie : la poubelle. Ainsi les études prennent en compte les émissions de polluants pour : extraire les matières premières, fabriquer le gobelet, le transport des matières premières, le transport des gobelets ou encore leur incinération ou leur compostage, etc. Les études traitant du sujet ont donc compilé de nombreuses données concernant l’impact de ces gobelets à chaque instant de leur vie. Ces données sont aussi variées que celles concernant :
- la consommation d’énergie fossile (par épuisement des ressources de pétrole, charbon, gaz etc.)
- l’eutrophisation (c’est-à-dire la pollution de l’eau, par les rejets de nitrates par exemple)
- l’écotoxicité (par émissions de métaux lourds impactant les organismes vivants par exemple)
- la menace sur la couche d’ozone (par les émissions de gaz détruisant la couche d’ozone comme les gaz chlorés)
- l’influence sur le climat (par émissions de gaz à effet de serre comme le CO2 ou le méthane par exemple)
- L’impact sur la santé (par émission de produits cancérigènes comme le formaldéhyde ou toxiques pour le système respiratoire comme les particules)
Pour chacun des impacts énumérés, des scores environnementaux sont attribués, permettant une comparaison entre chaque type de gobelet.
Exemple d’impacts du gobelet au cours de sa vie. De l’extraction des matières premières à son incinération, tout doit être pris en compte. Tous les impacts et instants de vie ne sont pas représentés sur le schéma.
Une précision est à apporter sur le gobelet réutilisable. La taille de l’évènement au cours duquel sont utilisés les gobelets est une donnée importante. En effet, les moyens mis en œuvre pour laver les gobelets peuvent différer avec la taille de l’évènement ainsi que leur nombre de réutilisations (45 fois pour un petit évènement, 20 pour un grand). Tout ceci peut avoir au final un impact considérable car le nombre de réutilisation dudit récipient est une donnée très importante lors de ces études
Toujours est-il que nous comparerons par la suite les impacts de chaque type de gobelets sur l’ensemble de leur vie : de l’extraction des matières premières à leur fin de vie.
Les résultats
Les auteurs de l’étude ont une conclusion quelque peu déconcertante. Aucun des gobelets n’est meilleur que les autres sur la totalité des impacts cités plus haut et pour toutes les situations. De plus, les différences entre chaque type de gobelets ne sont pas considérables.
Pour illustrer la complexité de classification des impacts entre les différents systèmes, prenons l’exemple du bilan du gobelet en polypropylène à usage unique (plastique). Ce dernier est le plus économique du point de vue de l’utilisation des ressources en minéraux mais il présente la plus haute contribution en termes des émissions de gaz à effet de serre (contribution au changement climatique).
De plus, les résultats des comparaisons dépendent de la taille des évènements, augmentant la difficulté de l’étude. Si l’on compare le bilan du gobelet réutilisable entre les petits et les grands évènements, les résultats sont très contrastés. Bien que sur les petits évènements le gobelet réutilisable est le plus écologique en comparaison des autres systèmes, cette solution s’avère beaucoup moins propre quand la taille des évènements augmente. Ceci s’explique par des transports plus importants et un nettoyage en machine au lieu d’un nettoyage manuel dans le cas de petits évènements.
Prenons le scénario d’un « petit évènement » (inférieur à 3000 personnes), scénario se rapprochant le plus d’un pic-nic dans un parc ou des fêtes d’anniversaire que nous pouvons donner, à moins que nous comptions de très (très) populaires lecteurs et lectrices. C’est en tout cas la définition du petit évènement donné par les auteurs, faisons avec. Dans de telles conditions, le gobelet réutilisable gagne la palme de gobelet le plus propre. En effet, il obtient les meilleurs résultats sur l’ensemble des impacts, que ce soit sur la santé, ou sur l’environnement. A l’inverse, le gobelet en carton est le plus mauvais, et ce sur toute la ligne : sur la santé, la consommation en minéraux, l’écotoxicité, et la pollution de l’eau1. C’est lors de sa fabrication que les émissions de polluants3 sont les plus importantes.
Reste les deux milieux de la classe : le gobelet en plastique compostable et celui en plastique en polypropylène (PP). Pour l’utilisation des ressources en énergie fossile et l’impact sur le changement climatique, le gobelet en plastique PP est le plus mauvais. Celui en plastique compostable est le plus mauvais quant à lui pour la pollution des eaux1. Cet impact est le plus marqué au niveau de la fabrication3.
Impacts des 4 types de gobelets sur différents secteurs environnementaux ou de santé. Les données sont exprimées en fonction du gobelet le plus impactant (100%). Lecture : l’impact sur l’écotoxicité du gobelet en carton est le plus important par rapport aux trois autres, le gobelet en plastique PP a un impact représentant 60 % de celui en carton, celui en plastique compostable (PLA) à 45%, et le réutilisable de 20%.
Pour passer à un bilan global et savoir quel est le meilleur des gobelets, les auteurs doivent additionner les différents impacts. Or additionner l’impact de la pollution de l’air avec celle de l’eau est a priori impossible. C’est un peu comme additionner les choux et les carottes… Chaque impact doit être « converti » en un score « éco-indicateur ». Ces scores sont basés sur la persistance et « la gravité » de la pollution. Ce score éco-indicateur permet d’additionner des pollutions différentes alors qu’elles n’ont rien en commun. En quelques sorte, ce score permet d’additionner les choux et les carottes.
Il en ressort que le gobelet réutilisable est de loin le meilleur. Il est deux fois moins impactant. Le gobelet en plastique compostable est un poil moins bon que celui en papier et celui en plastique classique (PP). Mais les différences entre les systèmes ne sont pas très grandes. Les auteurs soulignent aussi que les impacts sont trop différents entre les systèmes, rendant la comparaisons délicate1,4.
Impact global de différents gobelets sur un petit évènement en suivant des scores environnementaux normalisés. Les gobelets en plastiques ou carton ont des scores quasi identiques.
Bien entendu, les variables peuvent changer suivant les pays de fabrication ou d’utilisation. Ces données peuvent aussi changer dans le temps, car le papier ainsi que le plastique compostable sont depuis-lors plus écologiques et ont pu passer devant le plastique non recyclable en terme d’impacts. Le lavage des récipients réutilisables a aussi une part importante dans leur impact global. Alors que les alternatives à usage unique ont le plus gros de leur impact lors de leur fabrication. Le gobelet réutilisable sera vite « rentabilisé » s’il est utilisé 45 fois dans un petit évènement et plus de 20 dans les grands évènements1. C’est ainsi une des plus grandes incertitudes, un gobelet réutilisable jeté trop tôt et son bilan devient catastrophique. Une autre étude trouvée est moins sévère et annonce un nombre de réutilisation minimum de 10 fois5.
Autres objets indispensables aux fêtes
Autres objets indispensables aux fêtes : les couverts. Peu d’études existent là encore à ce sujet. Une de celles-ci a comparé des couverts biodégradables à des couverts en plastiques jetables. Les auteurs avancent une réduction des gaz à effet de serre d’un coefficient 10 grâce à l’utilisation de couverts biodégradables. Un coefficient similaire a été trouvé en ce qui concerne la pollution de l’eau (eutrophisation)6.
Autre matériel jetable : les nappes. Les études sont là encore plus rares et nous n’avons pu dénicher qu’une étude, faite pour le compte d’un fabricant de nappes en papier jetable, dans le cadre de restaurants. Les résultats sont donc à prendre avec des pincettes. Leurs résultats montrent que la contribution du transport dans l’impact global est négligeable. Il semble que le lavage est de loin l’étape du cycle de vie contribuant le plus aux émissions de gaz à effet de serre. A ce titre, les auteurs considèrent que les nappes en coton et en lin sont réutilisables 40 fois. Pour obtenir ces résultats, il convient également de prendre en compte le lieu de culture et de transformation de la matière première. Ainsi, les auteurs considèrent que le lin est principalement cultivé et transformé en France, où l’électricité a un faible impact carbone (énergie nucléaire), et que le coton est principalement cultivé et transformé en Chine et aux Etats-Unis, où l’utilisation des énergies carbonées fossiles est plus importantes (charbon, pétrole). Dans cette étude, les résultats ont également été découpés suivant les pays de production des nappes pour des raisons semblables. Globalement, les auteurs mettent en avant un impact assez similaire entre une nappe en lin ou en coton. Ces dernières auraient un impact sur l’acidification et l’eutrophisation quatre fois plus importants et un potentiel de réchauffement climatique entre trois et dix fois plus importants que les nappes en papiers jetables7! Au vu de ces conclusions, la nappe réutilisable ne serait pas rentable écologiquement. Cependant, cette étude a été commanditée par un fabricant de nappes en papier. La réalisation d’une ou plusieurs autres études indépendantes seraient préférables pour confirmer ces résultats.
La conclusion recyclable
Les consommables en papier peuvent ainsi être écologiquement moins bons que ceux en plastique. Le gobelet en papier a un impact légèrement plus important que le celui en plastique. Etonnamment, en ce qui concerne les solutions jetables, leur impact global est équivalent. Le nombre de réutilisation des objets réutilisables ainsi que leur mode de lavage sont des facteurs très importants. Lavés à la main et utilisés au minimum entre 10 et 40 fois, les gobelets réutilisables sont plus écologiques que les autres solutions.
Si aucune des solutions ne semble globalement meilleure que les autres, comment limiter notre impact pendant nos fêtes et soirées ? Pour les petits évènements (ce que vous organisez a priori avec vos amis), les gobelets recyclables semblent avoir un impact moins important, à condition de les conserver le plus longtemps possible, pour les fêtes futures. Dans le cas où le choix n’est pas permis, il faut alors se poser la question du recyclage. En effet, le recyclage est un bon moyen de diminuer les émissions de polluants ainsi que le coût énergétique pour le plastique8 et, dans une certaine mesure, pour le papier9. Pour finir, un gobelet, qu’il soit réutilisable ou non, en plastique ou en carton, n’est pas synonyme d’une seule boisson. Il peut bien faire l’affaire pour une personne, tout au long d’une soirée, limitant leur consommation !
Phosphoré par : Gontier Adrien, Dujardin Jean-Rémi
Mots clefs : gobelet, papier, plastique, réutilisable, écologie, pollution, gaz_à_effet_de serre, CO2