Les incroyables musées créationnistes


La fondation « Answers in Genesis » (réponses dans la Genèse) dirigée par Ken Ham a pour mission de promouvoir l’autorité de la Bible et d’évangéliser le monde. La fondation défend une lecture littérale de la Bible comme le fait que la Terre a environ 6000 ans. Pour satisfaire sa volonté, Answer in Genesis ouvre en 2007 le musée de la création. En juillet 2016, elle fait ouvrir une « reproduction » de l’Arche de Noé, grandeur nature, pour un coût de plus de 100 millions de dollars. Visite avec un oeil scientifique du Musée de la Création et de l’Ark Encounter.

Date de publication : 23/02/18


Accès directs: Musée de la Création - Arche

Introduction

Les États-Unis sont une accumulation de contrastes et en voici un bel exemple. D’un côté, le pays comptabilise le plus de prix Nobel et a envoyé les premiers explorateurs sur la Lune. D’un autre côté, le pays a des billets ornés d’un « in God we trust », voit ses officiels jurer sur la Bible et le quart de sa population penser que non seulement l’Homme a été créé par Dieu il y a moins de 10 000 ans, mais également qu’il n’a plus évolué depuis1. C’est ici aux Etats-Unis, en 1925, dans l’État du Tennessee, que fut interdit l’enseignement de la théorie de l’évolution. Cette interdiction aboutira au médiatique « procès du singe »2, qui a vu un enseignant du Tennessee être condamné à payer une amende de 100 dollars pour avoir enseigné la théorie de l’Évolution en dépit de la loi de l’époque. Encore aujourd’hui de nombreuses forces politiques souhaitent un enseignement public du créationnisme et/ou de l’intelligent design en complément où à la place des théories scientifiques. Les créationnistes partent du postulat que la Terre et la Vie sont des créations qui nécessitent forcément un Créateur en se basant sur une interprétation littérale de la Bible. Ces défenseurs ne sont pas d’obscurs inconnus : Mike Pence, le vice-président américain, est l’un de ces créationnistes3,4.


L’Arche de Noé et le Musée de la Création sont à 45 minutes de route l’un de l’autre.

C’est à 8 heures de route de Washington DC, dans l’Etat du Kentucky, que nous nous sommes rendus, au Nord de la région États-Unienne surnommée la Bible Belt (la ceinture de la Bible). Aux États-Unis, de nombreux mouvements de créationnismes ont pignon sur rue. Il y a ceux qui pensent que la Terre a effectivement plus de 4 milliards d’années mais que c’est bien un Dieu qui en est à l’origine, pour d’autres la Terre a été créée il y a 6000 ans, en 6 jours. Certains défendent le fait qu’il n’y a eu aucune évolution et d’autres qu’un Dieu contrôle l’évolution ou en a au moins fait le patron (la théorie du « dessein intelligent »). Le Musée de la Création et l’Arche de Noé ont été conçus par une frange spécifique du créationnisme : celle qui croit en une Terre jeune et à une sorte d’« évolution » post déluge (en réalité, ils croient en une adaptation). Des millions de personnes ont visité le Musée de la Création et l’Arche qui ont couté respectivement 30 et 100 millions de dollars (lien). Ces musées se veulent d’une certaine façon scientifique et nous vous invitons à les parcourir avec nous. Nous vous proposons de voir quelques faits et arguments mis en avant et nous regarderons si nous pouvons considérer cette approche comme scientifique.


L’Ark Encounter et le Creation Museum sont situés dans le Kentucky

Le Musée de la Création

Situé à quelques miles de Cincinnati, les 7000m² de ce musée sont un lieu stratégique : 67% des américains habitent à 1 heure d’avion. Une bonne raison pour investir près de 30 millions de dollars dans le projet ! Au milieu de nulle part, il faut s’acquitter d’un billet de parking avant d’entrer dans le musée à proprement parler. Le parking est à lui seul une attraction : de nombreuses plaques de voitures à message religieux y ont visibles.


Quelques plaques d’immatriculation sur le parking

L’entrée nous coutera $30 chacun, plus $10 pour le parking. L’endroit est composé du musée et d’un parc. A l’entrée du musée, un dinosaure.


Que l’appendice de notre nouilleux Créateur puisse nous guider.

Le musée est partagé en différents secteurs, avec à chaque fois un message porteur que nous essaierons de vous transmettre.

1 - Dragon Hall

Nous débutons la visite dans un hall, au niveau des caisses, avant l’accès aux expositions du musée. Le long des murs, des panneaux présentent les dragons comme des dinosaures ayant pu être mentionnés dans la Bible. Pour étayer cette idée, les concepteurs du musée insistent sur le fait que de nombreux pays ont des légendes avec des histoires de dragon… On instille le doute : les dragons auraient-ils existé ? Une autre légende est commune à de nombreuses civilisations : un déluge avec des animaux sauvés… Une légende commune peut-elle être issue de faits réels ?


Les dragons autour du monde. On remarquera que Nessie, le monstre du Loch Ness maintes fois « débunké »5, est mentionné comme une légende de dragon.

Dans la suite de cette exposition, un panneau nous avertit : la bible est la vérité et sans erreurs, car inspirée par Dieu. C’est ce détail qui expliquera tout le reste du musée. Ici, nous comprenons la différence entre la méthode scientifique et la doctrine religieuse, ou plus précisément, la doctrine d’Answer in Genesis (l’organisation qui gère le musée). Les créateurs du musée partent donc de la conclusion et trouvent les données pour la confirmer (moyennant moult distorsions). De son côté, la « science » évolue, ce qui lui est souvent reproché, mais elle se tient à un ensemble de faits pour élaborer des théories qui sont un outil de connaissance et de prévision. Deux approches radicalement différentes. Je me permets de citer le biologiste américain Jerry Coyne : « En science la foi est un péché, en religion la foi est une vertu ». Nous y reviendrons.


« Où sont les dragons dinosaures ? Quelques dragons volaient, d’autres vivaient dans l’eau, donc tous les dragons ne peuvent pas être appelés dinosaures. Mais tous les dinosaures ont été des dragons. »
L’argument d’autorité (ou argumentum ad verecundiam) : « la Bible fait autorité, elle est sans erreur et inspirée par Dieu ». Ce panneau présente deux extraits de la Bible où les concepteurs du musées y voient la description de deux dragons.

2 - Le couloir

Dans la file d’attente avant de donner son ticket, une série de petites expositions. Sur notre gauche se trouvent les mannequins animés d’une petite fille et d’un dinosaure, le ton est donné pour le reste de la visite avec sur notre droite quelques vitrines.


Dieu ayant créé les animaux, puis les humains, les dinosaures ont donc côtoyé les humains. AUCUN fossile d’Homo sapiens n’a été découvert dans les mêmes couches géologiques que les Vélociraptors. JAMAIS. Mais les concepteurs du musée illustrent là une de leur croyance en dépit de toute preuve archéologique.


1ère Vitrine. On nous présente les 7 moments importants des plans de Dieu : les « 7 C ». La Création, la Corruption, la Catastrophe, la Confusion, le Christ, la Croix et… la Consommation. Nous voici dans la dernière ère et le magasin final nous le confirmera.
2ème vitrine. Ici sont représentés des fossiles dits « fossiles vivants ». Il s’agit en réalité d’un raccourci de langage pour montrer les espèces qualifiées de panchroniques. Ce sont des espèces présentes actuellement sur Terre et qui ressemblent morphologiquement, en partie, à des espèces éteintes. C’est une sorte de marotte des créationnistes pour essayer de montrer une absence d’évolution. Étrange, quand on sait que les créateurs des deux musées croient en une sorte d’évolution post-déluge comme nous le verrons plus tard.
3ème et 4ème vitrines. Représentation des beautés de la création de Dieu (les aptitudes du caméléon par exemple). La présence de poison dans la nature serait une conséquence du péché originel. Mais ces poisons peuvent aussi être des remèdes suivant leur utilisation. Un miracle du créateur.

Cette mise en bouche permet déjà d’orienter le visiteur : le monde est beau grâce à un créateur, et seule la parole de la Bible est la vérité.

3 - Reproduction du Grand Canyon

Nous déambulons dans une reproduction de canyon. A une extrémité, une vidéo présente le Grand Canyon et le Mont St Helens. Une comparaison est proposée : d’un côté nous savons que l’éruption du volcan du St Helens, bien que courte, est à l’origine d’une grande catastrophe (en savoir plus). A l’autre bout, les « secular scientists » (le terme « secular » ou « laïc » prend ici un sens quelque peu péjoratif) pensent qu’il a fallu des millions d’années pour former le Grand Canyon.

Ces deux lieux emblématiques pour les américains touchent l’imaginaire. L’idée est bien entendu de plonger le visiteur dans le doute. Si le St Helens a pu produire un cratère énorme d’un seul coup, alors le Grand Canyon pourrait aussi être le résultat d’un seul événement et non pas au cours de millions d’années. En réalité, Les « secular scientists » ont aussi émis des hypothèses « catastrophiques » pour expliquer des extinctions d’espèces, comme les météorites. Mais des explications dénuées d’intervention divine.



L’éruption du Mont St Helens fut catastrophique et rapide, et la formation du Grand Canyon ? La preuve d’un grand déluge ?

4 - Même fossiles…

Une reproduction de fouilles est représentée au milieu d’une pièce entourée d’artefacts de fossiles.


L’Homme dit : les dinosaures ont évolué, les fossiles de dinosaures ont des millions d’années, l’Homme a évolué après les dinosaures. Dieu dit : les dinosaures ont été créés par Dieu, les fossiles de dinosaures ont quelques milliers d’années, les Hommes et les dinosaures ont été créés le même jour. Conclusion : Dieu a toujours existé, l’Homme non. Les dinosaures ont été créés il y a 6000 ans et les fossiles sont des preuves du déluge biblique. CQFD.

Le premier grand message est de dire que les créationnistes étudient les mêmes fossiles que les scientifiques « laïcs ». Simplement, comme le mentionnent les panneaux explicatifs, les os de dinosaures n’ont pas d’étiquettes. Leur âge n’est pas indiqué ! Pour les créateurs du musée, les créationnistes et les scientifiques partent donc de deux points de vue différents pour estimer l’âge des dinosaures. C’est le deuxième message de cette pièce. Les créationnistes présentent les scientifiques comme des gens avec un point de vue, tout aussi discutable que celui des créationnistes. A la seule différence que le point de vue créationiste vient directement de Dieu...


« Certains pensent que les dinosaures se sont transformés en oiseaux après des millions d’années, mais Dieu a dit qu’il a créé les oiseaux au 5ème jour et les animaux terrestres au 6ème jour. »

C’est l’un des messages principaux de ce musée et il est certainement le plus dangereux. Dangereux pour l’éducation scientifique et la démocratie. C’est aussi d’après moi le reflet limpide d’une partie de la culture américaine : le relativisme. Tout point de vue est respectable. La science ne serait qu’un avis. Or ceci est complétement faux. La démarche scientifique ne consiste pas à se reposer sur un dogme ou une idéologie, mais elle permet d’élaborer des théories basées sur des faits vérifiables. Les connaissances évoluent au gré des découvertes et les faits ne sont pas interprétés pour confirmer un scénario. C’est l’inverse. L’argument d’autorité de « Dieu » donne inconsciemment au visiteur l’idée que les explications scientifiques sont de moindre valeur que celles défendues par les créationnistes.


« Les fossiles de dinosaure ne viennent pas avec des étiquettes sur eux disant quel âge ils ont, où ils ont vécu, ce qu’ils mangeaient, ou comment ils sont morts. Nous devons y réfléchir du peu de preuves que nous trouvons. Car nous n’avons jamais toutes les preuves, les scientifiques aboutissent à différentes conclusions, dépendant de leurs croyances de départ ». Laissez-moi croire, qu’importe les faits.

En jouant sur le contraste « parole d’Hommes » versus « parole de Dieu », les créateurs du musée présentent aussi les personnes appliquant la démarche scientifique comme arrogantes et défiant en quelque sorte la parole de Dieu. Cette présentation montre, de mon point de vue, la volonté de discréditer la démarche scientifique. Non, des Hommes n’ont pas dit « les dinosaures ont des millions d’années », ils l’ont démontré. C’est très très différent, un fait n’est pas un point de vue. C’est un fait. Cette ritournelle sera très présente dans le musée et encore dans la pièce suivante.


« Les fossiles ne viennent pas avec des étiquettes ; avec la bible comme point de départ nous pouvons dire quel est l’âge de ce fossile (…). Indice 1 : Dieu était là au début (…) Indice 2 : La Bible dit que Dieu a tout créé (…) au jour 6, Indice 3 : la Terre a 6000 ans (...) Donc les dinosaures peuvent-ils avoir des millions d’années ? Non ! (…) Un déluge peut expliquer ces fossiles [Ce dinosaure a été enterré quand Dieu a jugé la Terre] ».

Boite 1 : Comment connaître l’âge des dinosaures ?De nombreuses méthodes existent, qu’elles soient indirectes comme la stratigraphie ou directes comme la radioactivité. Cette dernière consiste à déterminer la quantité de certains éléments radioactifs par rapport à d’autres (Rb-Sr, K-Ar, Ar-Ar, U-Pb etc.) (radiochronologie : datation absolue) aussi bien dans les roches contenant le fossile, que le fossile lui-même6 (si la datation se fait par rapport aux fossiles dans la roche, c’est une datation dite relative)

5 - Comparaisons Bible/Science

Dans cette partie, un message est à son paroxysme : les hommes disent X et Dieu dit Y. La pièce est constituée de tableaux présentant les deux « point de vue » sur différentes choses : l’univers, l’évolution etc. Ceci a pour but de rabaisser les connaissances au niveau de la croyance.


Les deux « visions » du monde présentées comme des opinions.

Au centre de la pièce trône une reproduction de Lucy, sous la forme d’un singe à quatre pattes, avec de nombreuses représentations de son visage au verso. Tout n’est qu’interprétation pour les créateurs du musée. Mais l’interprétation proposée ici est assumée : les éléments sont présentées pour correspondre à une croyance spécifique. Les créationnistes essaient donc de trouver des explications pour illustrer leurs croyances (ce qui n’est pas le cas de la démarche scientifique contrairement à une… croyance… populaire).

« Les créationnistes bibliques croient que les humains et les singes n’ont jamais été reliés. On peut donc naturellement conclure qu’elle [Lucy] n’était pas en voie de devenir humain (sic). Ce point de vue guide notre interprétation des preuves (…). »

Les panneaux du musée nous indiquent que Lucy présente des caractéristiques de gorille, d’orang outan, ou d’autres singes. Bref, elle ne peut pas être un ancêtre de l’Homme moderne. Lucy serait donc issue d’une lignée de singes éteinte, sans relation avec l’Homme. Le but du musée est plutôt de critiquer la reconstitution d’un fossile emblématique pour marquer les esprits, faisant passer les données sceintifiques comme des représentations d’artistes sans fondement. Ceci en omettant la découverte d’autres australopithèques depuis Lucy (lien) et la multitude de données connues à ce jour pour comprendre l’Histoire humaine. En réalité, le consensus scientifique présente Lucy comme une « proche » de la lignée humaine7,8. Le musée ne présente qu’une partie des données scientifiques et se borne à les présenter sous forme d’avis.


Boite 2 : L’Homme ne descend pas du singe, les deux ont un ancêtre en commun. La génétique nous apprend que nous avons 23 paires de chromosomes et les singes 24 et que les chromosomes se « finissent » par des télomères. Au milieu du chromosome 2 chez l’homme, nous trouvons des séquences de télomères. Et de part et d’autre, des séquences sont identiques à deux autres chromosomes du chimpanzé. Autrement dit, le chimpanzé et l’Homme avaient un ancêtre commun qui a évolué en chimpanzé d’un côté et en Homme de l’autre. Chez ce dernier, 2 chromosomes ont fusionné. La génétique confirme de manière magistrale les données d’anthropologie et la théorie de l’évolution9. De manière corollaire, les Hommes et les singes partagent des séquences d’ADN pour la synthèse de la vitamine C10, le gorille et l’Homme ayant autant de gènes en commun que de gènes qui leur sont propres (lien).


Dans la même salle, une fresque parle de choses « métaphysiques » montrant quelques questions existentielles sur la vie, la mort etc. Sacré mélange. Mais quel rapport ?

6 - Enseignements de la bible

En quittant cette pièce, dans laquelle les créateurs du musée tentent de donner la même valeur à une croyance et à un fait avéré, patatra, on s’attendait à rentrer dans le vif du sujet et enfin voir des preuves, mais non. Une pièce entière est réservée à une présentation de la Bible.

Le but y est de montrer à quel point la Bible est une valeur sûre. Elle serait prédictive : la Bible dit que les Hommes ont le même sang et la génétique l’a démontré et il n’y a qu’une seule race humaine, la Bible mentionne un déluge et la géologie montre qu’il y a eu un évènement catastrophique (sic), la Bible indique que les fossiles sont créés rapidement, la paléontologie le confirme aussi (re-sic).


Pourquoi la Bible est indiscutable et les scientifiques n’ont que confirmé sa parole après s’être trompés. Stop, arrêtons de réfléchir.

On remarque ici une triple erreur des créateurs du musée : utiliser la science quand cela va dans leur sens, lui faire dire ce qu’elle ne dit pas et lui reprocher son évolution. En effet, la génétique a démontré qu’il n’y a qu’une seule race humaine. Mais, en quoi dire (comme c’est écrit sur les panneaux du musée) que les humains sont d’un seul sang fut une parole prémonitoire dans la Bible au sujet de la race humaine ? Au contraire, il y a même plusieurs groupes sanguins chez l’Homme ! Les créateurs du musée arrangent des textes bibliques avec des connaissances en génétique a posteriori. Faire coller a posteriori des données de terrain avec une croyance, n’est pas digne d’une vraie démarche scientifique. Mais que dire des autres avancées en génétiques comme l’évolution ? Etonnamment, les créateurs du musée ne commentent pas ces données. Prendre les données qui nous plaisent pour abonder dans un seul sens s’appelle du « cherry-picking ». Les créateurs du musée tordent la réalité, car jamais « la géologie » n’a démontré qu’il y a eu un déluge mondial unique. Les géologues ont trouvé que certains fossiles ou couches sédimentaires se sont formés rapidement, d’autres lentement. Dernier point, oui, les connaissances évoluent. Et tant mieux ! Ces connaissances n’ont jamais été inspirées par des textes religieux. L’ADN n’a pas été caractérisé suite à la lecture d’un texte religieux, les équations de Maxwell non plus.

Enfin, dans cette nouvelle pièce, on nous présente l’évolution des critiques des textes sacrés, avec les philosophes des Lumières notamment. Pour les gérants du musée, les gens qui ont commencé à douter de Dieu et des textes sacrés, ont contribué à un délitement de la croyance, et à terme, de la Société.


Douter puis abandonner les écritures. Le coup de grâce : Darwin. Depuis ce dernier. Rien

7 - Le monde de la décadence

Nous entrons, à cause de ceux qui doutent de l’interprétation littérale de la Bible, dans un monde apocalyptique. Cette pièce est une représentation de la Société avec des maquettes de maisons et des graffitis où des vidéos et des panneaux mettent en scène des séquences de la vie quotidienne : un jeune garçon qui joue aux jeux vidéo violents et s’adonne à la pornographie, une jeune fille qui souhaite avorter…


Un monde en déperdition « Aujourd’hui les hommes décident de la vérité, n’importe quoi »

Un monde en déperdition bis

Une brique avec l’inscription « millions d’années » et le panneau suivant : « Parce que beaucoup de leaders religieux ont compromis la vérité de la Genèse telle qu’elle est écrite, leurs enseignements moraux ne sont la plupart du temps même pas compris par les fidèles. Ces mêmes familles ont alors les mêmes comportements que celles qui ne vont pas à l’église : jeux vidéo violents, pornographie, sexe avant le mariage, commérage, envie et discorde conjugale. »

Pour les créateurs du musée, ne pas accepter l’âge terrestre biblique à la lettre est le début de la fin et c’est une porte d’entrée pour tout remettre en cause. Au point d’en abandonner toute morale ! Au bûcher donc les chrétiens qui ne seraient pas créationnistes, c’est là un cas de casus-belli pour les créationnistes « Terre-jeune » C’est tout, ou rien. Nous assistons à la mise en place d’une magnifique pente savonneuse. Les concepteurs du musée fustigent les leaders religieux qui ont accepté les avancées scientifiques concernant l’âge de la Terre ou l’évolution. Position que l’Eglise a adopté, les preuves étant irréfutables11. Il reste à prouver que croire en l’évolution aboutit au délitement des familles. Cette partie du musée joue avec la peur du visiteur : douter de la réalité de la Bible est la route du pire. Mais cette partie montre aussi toute l’intolérance de ses concepteurs et la vision très négative qu’ils ont d’une majorité de leurs semblables : décadents, sans valeurs ni morale.


Pas de texte religieux pris à la lettre = plus d’espoir ou de moralité. La moralité est pourtant une valeur survenue avant tous les textes religieux12.

« Dans cette vidéo, cette adolescente apprend à son ami qu’elle est enceinte, elle veut « arranger ça ». En d’autres mots, malgré son éducation religieuse, elle envisage l’avortement ». Malgré une religion omniprésente aux Etat-Unis, la prévalence de grossesses chez les adolescentes est parmi la plus élevée13. [Les discours moralisateurs, promesse de virginité et autres purity balls ne portent aucun résultat, ils sont même globalement dommageables pour les jeunes filles. Les comportements puritains à outrance aboutissent à plus de grossesses indésirées contrairement à une éducation sexuelle]14-16.

8 - Arrivée dans la wonder of creation

Quittons ce monde de décadence et de perversion pour arriver dans le hall de la création. Voici enfin les beautés de la création dans une salle pleine de photos de nature. On se doit ici d’être émerveillé.


Des photos vieillottes sensées présenter le génie de la création

Ensuite nous voilà marchant dans une « reproduction » grandeur nature du jardin d’Eden, un très long chemin composé de maquettes grandeur nature nous expliquant l’origine de la maladie ou de la douleur de l’accouchement ou encore pourquoi des animaux sont carnivores. Bien entendu, exit la science. Cette partie est particulièrement longue et nous ne ferons pas de commentaires particuliers, on assiste à un cours de catéchisme.


En haut le serpent guette, on se croirait au début d’un film p0rn0.



Après le péché d’Adam, les animaux carnivores apparaissent pour aider à nettoyer ce monde décadent des maladies et des faibles.

Après son péché, Adam doit travailler plus pour gagner plus. Aujourd’hui, c’est fenouil. Bien fait.

9 - Arche et inondation

Nous arrivons à l’histoire du déluge avec des reproductions de situations bibliques et de représentation de la catastrophe. Nous ne nous attarderons pas sur cette partie, largement explicitée dans le second musée.


D’après les concepteurs du musée, l’eau est sortie de la Terre via la lave. Oh mais c’est fini de douter ! C’est marqué là :

« Apparemment, il y avait plusieurs sources d’eau, comme de l’eau dégagée depuis la lave et de l’eau poussée par la montée des fonds marins. » Voilà, voilà. Cela s’appelle une hypothèse. Où est la preuve ? Pour ne pas faire de mauvaise foi, le terme « released from» peut aussi dire « dispersé ou éjecté depuis».

En voiture Simone !

10 - Zone évolution et sélection

Une mini pièce est entièrement dédiée à l’évolution. Les créationnistes croient en la sélection naturelle. Pour eux, les pinsons observés par Darwin le prouvent. Ils se sont adaptés en développant différentes formes de becs, mais l’espèce est toujours la même. Oui car ce sont des pinsons… Les créationnistes admettent d’une certaine manière la microévolution (car évidente et rapide) mais réfutent la macroévolution. Ils ne peuvent accepter cette dernière car ils refusent de voir un quelconque lien entre deux animaux trop différents. En d’autres termes, les créationnistes ont une requête (trouver des espèces qui ont physiquement fortement évolué pour admettre qu’une macro-évolution existe) mais ils refusent de prendre en compte les données scientifiques qui démontrent que cette macroevolution existe bel et bien (fossiles, données génétiques etc).


La sélection n’est pas l’évolution. Pour les créateurs du musée, la sélection naturelle ne s’opère qu’au sein d’une espèce. Cette spécificité donnée par Dieu, permet aux animaux de s’adapter à un monde maudit par le péché et le post-déluge.

Les créationnistes croient en une adaptation car pinsons sont toujours des oiseaux, alors qu’il n’y aurait évolution que s’ils avaient évolué en un autre type d’animal. Mais justement comment le démontrer ? La notion d’espèce est purement une définition arbitraire des naturalistes (on pensera aux organismes qui sont entre le monde végétal et animal par exemple). Les frontières sont floues. On est dans le paradoxe du chauve d’Hegel : on peut affirmer qu’être chauve et être chevelu sont deux situations différentes. Cependant en enlevant les cheveux un par un à un chevelu, on s’apercevra qu’une suite de petite modifications devient un changement important. Mais où est la frontière entre un chauve et un non-chauve, entre un annimal et un végétal ? Les fossiles nous permettent bien de constater l’évolution. En réalité, il a été bien établi l’évolution de l’indohyus (un mammifère à 4 pattes) vers la baleine (lien 1 lien 2). Cela fait une grosse différence d’apparence ! Bref, comparer de petites variations au sein d’une famille d’animaux est un choix, une barrière arbitraire que se mettent volontairement les créationnistes pour réfuter la théorie de l’évolution.


D’après les créateurs du musée, la résistance bactérienne aux antibiotiques n’est pas une preuve de l’évolution. Les bactéries résistantes seraient moins adaptées à un environnement sans antibiotique C’est faux. Ils pensent aussi que l’évolution engendre une perte d’information génétique, et jamais un gain. Or, de nouveaux gènes sont bien créés par divers mécanismes, aboutissant à de nouvelles fonctions et sans forcément perdre d’informations génétiques (mutation, insertion, suppressions, transpositions, duplications)17-19. Certes, une seule de ces mutations n’aboutira pas à « la transformation d’un poisson en un oiseau ».
Si les scenarii présentés jusqu’à présent sont attrayants par leur simplicité, ils s’achèvent sur de mauvaises interprétations et s’arrêtent à l’époque de Darwin20.

11 - La géologie du déluge

Tout autour de cet îlot concernant l’évolution, des expositions sont basées sur la géologie. Une tentative d’explication est amorcée avec le « séchage » de la Terre post-déluge ainsi que les mécanismes qui ont permis la pluie pendant le déluge. Pour cela des données de composition en oxygène sont avancées, les isotopes c’est mon dada, penchons-nous dessus.


L’hyper ouragan de Jupiter est une preuve qu’un évènement majeur peut subvenir… Comment la Terre a séché après le déluge ? Voici une preuve scientifique avec ce graphique de l’évolution d’un isotope de l’oxygène dans des sédiments. Ces mesures sont faites dans des sédiments de foraminifères, un coquillage dont la composition change en fonction de la température de l’eau (lien 1lien 2). Le graphique original présenté ici est bien entendu absent des panneaux du musée.

On pourrait se réjouir du fait que les concepteurs du musée sont enclins à « croire » en des concepts scientifiques. Mais… On remarque tout d’abord que sur le graphique du musée, l’échelle est enlevée. Les données sont aussi tronquées : les données originales permettent de remonter à 400 000 ans ! Il faut bien comprendre que cette troncature est grossière, car les données originales sont issues de carottes du fond des océans. Les concepteurs du musées décident arbitrairement de regarder les premiers mètres, acceptant qu’ils représentent 10 000 ans, mais ils rejettent la suite des sédiments. C’est hallucinant.

De même, il est étonnant de constater ici que les concepteurs du musée choisissent de mettre en avant ces outils de paléoclimats. En effet, lorsque l’on parle de datation de l’âge de la Terre avec les cernes de bois ou la radioactivité, l’argument principal est de dire « comment pouvez-vous être certains que les mécanismes actuels n’ont pas changé ? » ou encore « étiez-vous là ? » . Une question qu’ils ne se posent visiblement pas là quand il s’agit de paraître crédible ! Quitte à supprimer des données et des échelles bien évidemment ! La mention d’analyse d’isotopes de l’oxygène apporte une illusion d’argumentaire scientifique, mais pour des yeux avertis, c’est une catastrophe.

Difficile de faire de la science à moitié, mais nul doute que ce genre de graphique impressionne les plus crédules. Les couches géologiques sont aussi expliquées d’une manière incroyablement simpliste. Voici comment les créationnistes expliquent le déluge :

  • en premier lieu, l’enfouissement des éléments sous-marins (d’où la présence de fossiles marins dans les couches les plus basses)
  • puis des inondations des côtes, des forêts et des terres intérieures. D’où l’ordre d’enfouissement des fossiles…


Cinq étapes pour expliquer les couches géologiques.
L’histoire de la Terre est fort heureusement bien plus complexe, avec de nombreuses extinctions d’espèces et une évolution bien moins simpliste que bactérie-poisson- mammifère. Mais là encore, les explications avancées peuvent convaincre les gens en attente de solutions simples21,22.
Le Grand Canyon : une preuve du déluge ?!

Les principales illustrations pour « démontrer » la faisabilité du modèle créationniste sont le Mont St Helens et le Grand Canyon. Pour les créateurs du musée, l’éruption du Mont St Helens sert à démontrer qu’un événement soudain permet de charrier de grandes quantités de sédiments. Ainsi le Grand canyon ne serait qu’une résultante de l’étiage du déluge. On nous présente des scénarii mais jamais de preuves. L’histoire du grand canyon est bien plus complexe et documentée.


Pour contester les datations à l’aide des outils radioactifs, le musée cite l’exemple de roches récentes issues du Mt St Helens dont les datations ont permis de leur attribuer quelques milliers d’années alors qu’elles étaient évidemment plus jeunes. Les non-avertis voient en ces datations la preuve qu’elles ne sont pas précises. Cependant, de nombreuses explications sur ces mauvaises datations sont à mettre en avant : le fait que l’outil utilisé ne soit pas adapté à une roche jeune ou encore que cet échantillon n’a pas été purifié de minéraux spécifiques avant analyse (lien 1lien 2). Dater une roche de 11 ans avec la méthode potassium-argon, c’est comme peser une plume avec un pèse-personne : l’outil n’est pas adapté. Bref, avec le Grand Canyon et le Mont St Helens, les créationnistes essaient de toucher l’imaginaire collectif des américains, mais sans avancer le moindre argument crédible. Les seules études avancées sont soit mal faites, soit tronquées, soit… inexistantes.

De l’échelle du jardin au Grand Canyon, la démonstration créationniste

Une représentation du repeuplement post-déluge. Mais à part quelques flèches, où sont les preuves que les animaux sont originaires du Mont Ararat ? Quelles explications pour les espèces endémiques ?

12 - Hitler

Nous quittons cette salle, sur notre faim, pour arriver au point Godwin. Pour les créateurs du musée, la raison humaine n’est rien d’autre que la cause du racisme et d’Hitler… La finalité de la raison n’aurait donc comme finalité que le pire du pire. On ressasse encore le message déjà relayé dans les autres salles.


Prendre au sérieux la théorie de l’évolution, c’est tomber dans les génocides, le racisme et l’avortement. On vous le dit.
Le point Godwin : relier l’évolution au nazisme. Petit sophisme du déshonneur par association. Cas particulier : le reductio ad hitlerum ou comment comparer une idée à un personnage unanimement condamné pour décrédibiliser cette idée.
« Peut-être la plus infâme mise en pratique de la révolutionnaire théorie de l’évolution pour justifier le racisme fut le régime NAZI d’Hitler, qui a promu une « race supérieure » et fut déterminé à exterminer les dites races inférieures ». « Nous voyons qu’Hitler était profondément convaincu que l’évolution serait la seule et réelle base pour la politique nationale »« Le Führer allemand, comme je l’ai toujours dit, est un évolutionniste ; il a consciencieusement cherché à rendre la politique allemande conforme à cette théorie ».

Dans une dernière salle encore très religieuse, on assène encore et encore le même message : les humains sont mauvais par essence et la seule vérité se trouve dans la Bible. Pour être sauvé, acceptez Jésus. Franchement, on est déçu.

13 - La boutique

Bien entendu, la sortie ne se fait pas sans passer par un petit magasin vendant DVD et livres aux sujets des plus variés.


La guerre contre Darwin, les faits concernant le réchauffement climatique ou les homosexuels. Le musée de la Création, en fait.
Un public diversifié pour ce bal costumé.
Enfin c’est fini ! Il rigolera moins en enfer celui-là.

14 - Le jardin (de la création ?)

Le jardin est très joli, j’ai adoré. Il y a aussi un mini zoo, on peut y faire des promenades en chameau et chevaucher un dino avec une petite selle. C’est extra.


I’ve ridden a dino w/ my holly strainer bitch.
Les jardins
Bonus. MAKE AMERICA GREAT AGAIN #MAGA (NDLR)

Arche de Noé

Ouvert en 2016, le projet a coûté près de 100 millions de dollars ! L’arche est à 40 milles (65 km).

1 – Le parking

Après avoir stationné (encore 10$), nous prenons un bus qui nous rapproche de l’arche, à 1,2 miles du parking ! Elle est au milieu d’un « parc » avec quelques animations (recherche de fossiles dans des sacs que l’on peut acheter, groupes jouant de la musique) et un zoo.


Les caisses, un havre de modernité, avant de se rendre à l’arche.
155 m de long, 16 de haut : les dimensions bibliques.
Le bois est du pin de Monterey cultivé en Nouvelle-Zélande et acétylé aux Pays-Bas (une sorte de fossilisation☺)

2 - L’entrée

L’entrée se fait par le bas. Musique épique, très épique même, présente tout au long de notre visite conférant aux lieux une ambiance très spéciale.

3 – Le premier étage de l’arche

Le premier étage est surtout fait de nombreuses cages accompagnées d’« explications » pour convaincre que l’histoire de l’arche de Noé est possible. Nous allons donc les résumer par quelques petits panneaux avant de continuer notre visite.


Les animaux montés dans l’arche ne seraient pas tous les animaux de la planète, mais seuls les animaux d’un « kind », d’une famille. Par exemple pour les zèbres, chevaux et ânes, il n’y aurait eu qu’un ancêtre commun du genre équidé. Une habile technique d’interprétation pour essayer de faire coller l’histoire avec la taille de l’arche, mais aussi aborder l’idée d’une certaine évolution post-déluge. Cette interprétation permet d’étoffer l’hypothèse de l’arche, sans avoir été démontrée, même sur le plan théologique. Une espèce de raisonnement cyclique appelé sophisme Post Hoc.
Et les ours polaires, comment faisaient-ils pour vivre sur l’arche ? Pas de problème. L’ours polaire n’a pas besoin du froid pour survivre, et de plus, il n’existait pas à cette époque. Il faut suivre ! Hé oui, l’arche ne contenait pas d’ours polaire, mais un ancêtre de l’ours…
Y avait-il des licornes sur l’arche ? Traduction erronée de la Bible et moqueries des sceptiques : la licorne est en fait un rhinocéros (cliquez sur l’image pour la voir en grand).
Dieu, dans son infinie bonté, aurait envoyé des bébés dinosaures sur l’arche : 85 familles de petits dinos ont donc profité de la croisière (sachant qu’il y a aussi débat à savoir s’il y avait 7 mâles et 7 femelles de chaque famille ou 14 et 14).

Ce premier étage est censé représenter essentiellement des familles d’animaux dans leurs cages.


La famille des hyènes (sans vouloir chipoter, la cage est inutilement haute pour cet animal)
La famille « cerf »
Les cages random

4 – Le second étage

Après la montée à l’étage supérieur, c’est très beau. Franchement c’est top. Tout est beau. C’est vrai. Pour des écolos bobos que nous sommes, ça sent bon le bois !


Intérieur bois, c’est la fête aux terpènes, ça sent bon.
Ce n’est pas de la provocation #FirstAmendment #MaxwellTeam.

5 - Le monde pré-déluge

On arrive ensuite à une exposition du monde tel qu’il devait-être avant le déluge.


John n’est pas polygame, il a beaucoup de sœurs [NDLR].

Le tableau est plutôt noir. Les peuples avant l’inondation sont représentés sous les traits de mayas qui font des sacrifices, de chevaliers du Moyen-Age ou encore de romains. Une maquette d’arène avec des combats de dinosaures, de géants et d’humains est présentée. Position assumée du musée donc : des géants, dont aucun fossile n’a encore été retrouvé, vivaient avec des dinosaures et des Hommes. Précisons encore qu’aucune trace de ces civilisations n’a jamais été retrouvée ou qu’aucun dinosaure n’a présenté de trace de blessure par épée. Aucune de ces représentations n’est basée sur des traces archéologiques. Attention, c’est du lourd !


Adam : « pour me faire pardonner, je vais faire un barbecue de dinos sauce Cajun» [NDLR]

Le géant vert : « Je ne suis pas le géant vert beyatch !» [NDLR]

« Robert, lache le T-Rex #PBR » [NDLR].

Fabrice : « Avec la corne de Dino, je fais de la préparation 500 pour mon champ en biodynamie » [NDLR].

Goth : « M*, je crois que j’ai oublié le gaz » [NDLR].

6 – L’interview

Nous passons ensuite par une petite salle de cinéma où un film montre une interview de Noé. On note encore que les peuples « décadents » ressemblent beaucoup à des peuples natifs américains. Cette interview est un moyen de répondre à des questions mais aussi de tourner en ridicule les sceptiques et les faire passer pour arrogants. On notera encore quelque chose d’assez drôle : un homme faisant le portrait de Noé pendant l’interview, de style « Picasso ». La critique de l’art moderne est donc de mise. L’interview de 20 minutes tourne en boucle et est proposé à la vente (lien).

7 - Ingénierie biblique

Nous poursuivons ensuite notre périple avec la partie technique de l’arche. Au programme :
- critique de l’évolution (nous ne nous attarderons pas car les mêmes thématiques étaient déjà présentes au musée de la Création)
- partie technique sur le fonctionnement de l’arche.

Dans la partie technique sur le fonctionnement de l’Arche, on touche (encore) du doigt la différence entre croyance et science. On nous expose les technologies présentes sur l’Arche pour lui permettre de fonctionner. Bien entendu, il n’y a aucune documentation sur le sujet, et les créateurs du musée ne démontrent jamais la fiabilité de leurs hypothèses. Aucune modélisation n’est apportée, ni simulations démontrant que cela est possible. Tout est basé sur une imagination prolifique.


Voici à quoi devaient ressembler les cages de l’arche (avec un ingénieux système de récupération de déjections #AgricultureBio #Permaculture #CNRS # ExperimentationAnimale).
Utilisation d’eau et stabilisation de l’Arche. Oui, mais où sont les études et modélisations pour démontrer que cela était possible ?
Bain de soleil sur « la croisière s’amuse »

Nous arrivons ensuite au clou du spectacle. Il existe plusieurs légendes d’une arche dans d’autres civilisations et nous assistons à une animation qui veut démontrer que seule l’arche biblique était viable. Mais, une fois encore, aucune démonstration ni simulation sur des bases scientifiques (physique, technique). J’ai été un peu choqué de voir de la pseudoscience justifier la soi-disant supériorité d’une partie de la culture occidentale au détriment d’autres civilisation, comme celle de Vanuatu. Une légende vanuatuane parlerait d’un sauvetage d’animaux sur une pirogue. Une éventualité ridiculisée par les créateurs du musée, alors que les polynésiens ont sans doute fait partie des meilleurs navigateurs du monde. L’Histoire a prouvé qu’ils ont peuplé le Pacifique grâce à un génie hors norme dans ce domaine, et rabaisser leur Histoire, leur culture et l’histoire humaine avec cette animation est pour moi une insulte à l’intelligence. C’est révélateur d’un complexe de supériorité qui cache un profond racisme [video].

Nous arrivons dans la partie consacrée aux quartiers de la famille dans l’arche….


Japeth : « il y a une vie sans Netlfix, je fais des céramiques anti-ondes » [NDLR].
Noé : « Troisième fois que je change ce p... de néon » [NDLR]

8 - Géologie

Nous voici alors dans le coin géologie. Les créateurs du musée tentent de montrer les contradictions en géologie ou géochimie. C’est là qu’en tant que géochimiste, je me rends compte à quel point les raccourcis et l’effet barnum du musée peuvent convaincre les gens sans bases solides...


Les créationnistes sont également climato-sceptiques. Assez rare pour être mentionné, l’adaptation d’une publication (Loehie and McCulloch 2003) est exhibée. Le but du graphique est de montrer qu’il y a eu un optimum climatique au Moyen Age. Ainsi les températures ont été déjà plus chaudes dans un passé récent et cela est naturel aujourd’hui encore. Une vieille marotte de climato-sceptiques. Déjà, ça commence mal, le premier auteur est mal orthographié (Loehie au lieu de Lohle) et l’année de publication semble aussi fausse, l’article en question date plutôt de 2007, puis rééditée en 2008 avec des corrections23. L’auteur principal est plutôt controversé. Mais ce sont des détails. Regardez, le graphique s’arrête en 1950 (1935 en réalité quand on regarde les données originales) : impossible de voir le réchauffement actuel !!! De plus les données utilisées sont limitées à quelques lieux géographiques, avec des méthodes diverses et sans aucune justification (lisez
ceci et cela). Enfin, on ne comprend rien à la manière dont le graphique a été représenté au musée : un mélange entre les valeurs moyennes et les intervalles de confiance. Bref, c’est nul et c’est le travail d’une personne qui a elle aussi voulu arranger la réalité selon ses croyances. Sad ! Fake news !
Dans le même registre, seront présents ici, comme au musée de la Création, des panneaux réfutant la succession de 4 ères glacières géologiquement récentes. Mais où sont les preuves pour justifier cette réfutation ? Nulle part.
L’eau des océans aurait été chauffée, au point d’émettre des jets de vapeurs. Puis les polluants atmosphériques auraient refroidi la Terre. C’est déconcertant : où sont les preuves de ceci ?
Les créationnistes sont chiffonnés de voir des couches géologiques plissées. Comprenez-vous, la roche, c’est dur, elle ne peut ni plier, ni se déformer. Avec un grand déluge et des sédiments mous, il serait facile d’expliquer de tels plissements. Ils font là volontairement l’impasse sur les explications de l’existence de ces pliures comme le résultat des hautes pressions et des températures à l’œuvre. Les déformations de roches sont même très bien étudiées en laboratoire (lien 1, lien 2) ! Cela vous semble impossible ? Pensez au forgeron, comment fait-il ? De manière très malhonnête, les concepteurs du musée laissent le choix aux lecteurs : que préférez-vous entre l’option créationniste (simple avec ses couches molles) et l’option erronée présentée (les couches solides impossible à déformer). Ce n’est pas beau (lien).
Les fossiles polystrates seraient la preuve que les fossiles ne peuvent pas être issus d’un long processus. Or les créationnistes font mine de ne pas comprendre la complexité de l’histoire terrestre. Les géologues décrivent à la fois des dépôts rapides et catastrophiques, ainsi que des dépôts longs. Les deux sont possibles et observables, ce qui confirme bien la nullité d’une seule catastrophe (lien). L’analyse des roches permet souvent d’en savoir plus, selon la taille des grains par exemple. De plus, des arbres engloutis dans l’eau ne pourrissent pas, mais sont enterrés lentement sous des couches de sédiments comme dans l’Etat de Washington (USA) ou dans le Lacul Roșu (Roumanie). Des datations radiologiques peuvent confirmer ce phénomène (lien 1 - lien 2).

Le Lacul Roșu a été formé en 1838, c’est très beau. Allez-y dans cette autre Terre des Dieux
.
Les créationnistes affirment à tort que les géologues rejettent l’existence d’événements rapides et qu’il n’existe pas d’érosions entre les différentes strates géologiques (lien1lien 2lien 3). Les discordances angulaires sont très bien caractérisées par les géologues (lien 1lien 2) et les fossiles « transitionnels » existent. Appel à l’ignorance sur ce panneau.
« Les créationnistes et les évolutionnistes étudient les mêmes preuves (...) Nos conclusions sont fortement influencées par notre vision du Monde (...) Quelle vision du Monde est la plus logique avec ces preuves ? ».
Pour les créationnistes, tout n’est qu’une question de point de vue. Mais peu d’éléments sont à leur disposition pour ébranler les théories scientifiques.
« Le gros problème de la pensée naturaliste est son fondement sur le matérialisme, la croyance que seules les choses matérielles existent. Cependant la moralité, les lois de la logique et de la nature sont immatérielles. Par exemple, personne ne peut faire un saut à l’épicerie et acheter 2 onces de logique, un sac de loi de la nature et une boîte de morale. Dans un univers sans lois de la logique ou de la nature, comment peut-on prouver qu’il y a une évolution naturelle ? En effet, comment quelqu’un pourrait-il savoir quoi que ce soit si nos pensées ne sont que des réactions chimiques? ». Philosophie de comptoir [NDLR].

A vous de voir quelle est la meilleure solution : une Terre qui a des millions d’années ou une Terre issue d’une création telle que décrite dans la Genèse. Il est certain qu’en caricaturant et en déformant les données scientifiques, les créateurs du musée guident notre jugement.


Nous passons ensuite à une présentation du « lost squadron », des avions écrasés il y a 40 ans et qui sont maintenant à 80 m sous la neige. Avec cet exemple, les créationnistes remettent en cause la fiabilité des carottes de glace prélevées dans l’Antarctique qui nous informent sur la composition de l’atmosphère il y a 300 000 ans (les carottes font jusqu’à 2,5 km !).
Une croyance tenace, issue d’une vulgarisation de la technique, affirme que l’on compte les couches de glace comme les cernes d’un arbre pour trouver le nombre d’années d’accumulations de glace. Une couche correspondrait à une année, ce n’est vrai qu’en partie. D’après les concepteurs du musée, plus de 40 couches de neige auraient ainsi été comptabilisées au-dessus de l’escadrille d’avions, démontrant que les comptages des scientifiques en Antarctique seraient biaisés. Or, il y a des datations dans les carottes. Le Béryllium 10, un élément radioactif créé par les rayonnements solaires qui se désintègre une fois enseveli, et l’uranium, présent dans les poussières emprisonnées dans la glace, sont deux outils permettant de mesurer des âges avancés 24,25 (le tritium issu des essais nucléaires est aussi utilisé pour des âge récents (lien)).

Pour résumer :
  • Aucune source n’est indiquée sur les couches de neige au-dessus des avions
  • Aucune datation n’a été effectuée (même au tritium)
  • Il y a une confusion entre couche de neige et couche de glace
  • Les avions ont été retrouvés dans un glacier, système dynamique au contraire des carottes effectuées en Antarctique (lien - lien 2). Les concepteurs du musée comparent deux choses différentes.

En deux mots, les créationnistes rabaissent le niveau de connaissance et l’immense travail des glaciologues à des fins populistes, en plus de les tourner en ridicules avec des exemples simplistes qui n’ont aucun sens. Je suis assez choqué, mais je comprends aussi comment il est facile de manipuler les masses en déshabillant des concepts complexes. C’est très mal.

9 - Origines des langues et des couleurs de peau, et autres petites choses


Qui dit lecture biblique, dit Babel comme origine des langues sur Terre et des ethnies (en savoir plus : lien 1 lien 2).
Et voici comment les groupes ethniques ont été dispatchés sur Terre d’après les créationnistes : les enfants de Noé et leurs épouses se sont la Terre… L’étude de l’ADN nous apprend pourtant l’origine africaine de l’Homme…


Les créateurs du musée ne sont pas dupes. Non, les extra-terrestres ne sont pas à l’origine des pyramides. Mais comme il existe de nombreux monuments sur Terre ressemblant à des pyramides, c’est une preuve que les humains ont une connaissance commune, tout est basé sur la tour de Babel…
La visite se termine sur une longue exposition sur la Bible.

Conclusion

La religion est le point central de ces musées et non la science. La volonté est de présenter la Bible comme la seule et indiscutable autorité et vérité. Quitte à balayer d’un revers de la main toutes les autres croyances religieuses, sans parler de la caricature faite à la démarche scientifique. Les musées s’époumonent à rabaisser les travaux scientifiques à des avis, démontrant par là-même leur incompréhension totale de la démarche scientifique. Mais ils font subir aux sciences, et aux humains, bien pire encore !

Les créateurs du musée se jouent d’une subtile malhonnêteté : ils proposent aux visiteurs de choisir entre ses scénarii et des présentations erronées de théories scientifiques. Un choix savamment guidé. Car en fait, les arguments et méthodes des créationnistes sont d’une pauvreté intellectuelle à en perdre ses bras. Le peu de science de ces musées est rempli d’erreurs et d’approximations. Au final, l’explication créationniste ne démontre rien, elle essaie de faire coller quelques interprétations discutables de faits avec des croyances. Des croyances indiscutables alors qu’un grand nombre de connaissances scientifiques sont délibérément oubliées. Les créateurs de ces musées ne s’en cachent pas, leur point de départ est l’ancien testament qui constitue la base de tous leurs scenarii. Cette manière de croire « faire de la science » démontre un malheureux effet de loupe sur la défaillance totale de l’éducation, et de l’éducation aux sciences en particulier.

Parmi les méthodes utilisées pour impressionner, on trouve les maquettes géantes, les grands écrans, les dinosaures, les zoos et la musique épique, sans parler de l’Arche (qui est super cool !). Il y a aussi une volonté de marquer les esprits avec des repères que chaque américain connaît : le Grand Canyon ou le Mt St Helens. Au final, les musées flattent les croyants mais peut aussi faire douter ou impressionner les indécis. Les discours pseudo scientifiques sont malheureusement très attrayants. En tout cas les messages véhiculés rassureront les croyants chrétiens créationnistes sur leur salut. Et eux seuls, car ces musées n’ont aucune tolérance vis-à-vis de ceux qui pourraient diverger de ces croyances. Ces créationnistes présentent l’Homme comme mauvais et sa raison comme étant source de catastrophes. Heureux sont donc les pauvres d’esprit ! La vision du monde partagée par les créateurs de ces musées est pour moi terrible. Cette vision simpliste balaie tout le travail, les découvertes, les discussions, les remises en question de millions d’hommes et de femmes qui ont cherché depuis la nuit des temps à comprendre le monde qui l’entoure. Au final, cette histoire d’un Homme et d’une Terre vieux d’à peine de 6000 ans est bien triste et la dépouille de toute sa richesse. Mais il est certain que la complexité de l’évolution ou de la géologie terrestre est bien plus compliquée à appréhender qu’une création en 6 jours. La volonté de ces groupes de se tenir à cette lecture littérale de la Bible est en fait logique. La Genèse et le mythe de Noé sont un talon d’Achille pour ces extrémistes. Fissurer ces mythes, c’est fissurer l’ensemble de ces textes sacrés, et à terme fragiliserait leurs croyances, leurs dogmes, leur interprétation de la Bible et l’autorité qu’ils souhaitent conserver.

Voici donc la mission de l’association qui gère ces musées (lien) : défendre l’autorité et la vérité absolue de la Bible, défendre la pertinence d’une interprétation littérale de cette dernière et évangéliser le monde. Nous faisons bien face à une idéologie politique totalitaire.

Ces visites m’ont permis de satisfaire une curiosité personnelle, de confronter mes propres croyances, mais je l’avoue de répondre à un besoin de voyeurisme. Cela nous a coûté environ 120$ pour deux. Je pense qu’il fut tout à fait légitime de faire un don équivalent au gaspillage fait dans le Kentucky, arrondi à 150$, et de le partager entre deux organisations. Ici à Washington DC, la Smithsonian Institution, à la fois centre de recherche et musées, est présente au centre-ville. Les touristes du monde entier peuvent visiter gratuitement 19 musées dont le muséum d’histoire naturelle. Un savoir gratuit pour tous, basé sur la raison. A Washington DC, une ONG s’occupe de mettre en place des jardins partagés dans les rues et les écoles pour sensibiliser les washingtoniens à la bonne alimentation : City Blossoms. Les Etats-Unis sont vraiment un pays de contraste.

Concernant cet article, vous avez peut-être été touché(e) par l’ironie qui peut parfois ressortir. Oui je l’avoue, j’ai eu quelques périodes d’agacement devant ce gloubiboulga pseudo-scientifique.

Remerciements

Comment ne pas remercier tous les relecteurs et relectrices de cet article. Un travail énorme a été fait par les membres du groupe Facebook du café des sciences For the Dar’Win et Zététique. Une mention spéciale à Agathe Franck qui a fait une relecture d’une incroyable efficacité, à Mathieu Schuster, ainsi qu’aux conseils de Christophe Michel.

Aller plus loin



Phosphoré par : Gontier Adrien

Mots clefs : créationisme, sciences, pseudo-science

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Références ▼

[1] Newport, F. In U.S., 42% Believe Creationist View of Human Origins, sur Gallup (2014) http://news.gallup.com/poll/170822/believe-creationist-view-human-origins.aspx?g_source=creationist&g_medium=search&g_campaign=tiles

[2] Collectif. Procès du singe, sur Wikipedia (2018) https://fr.wikipedia.org/wiki/Proc%C3%A8s_du_singe

[3] Vanpée, C. Un retour en force du créationnisme dans l’enseignement américain ?, sur LaLibre (2016) http://www.lalibre.be/actu/international/un-retour-en-force-du-creationnisme-dans-l-enseignement-americain-582af355cd70d913edcce7f9

[4] Montanari, S. VP-Elect Mike Pence Does Not Accept Evolution: Here’s Why That Matters, sur Forbes (2017) https://www.forbes.com/sites/shaenamontanari/2016/11/10/vp-elect-mike-pence-does-not-accept-evolution-heres-why-that-matters/#243e6df215a7

[5] Julien Benoit, J.-M. A. Episode #233 : Le monstre du Loch Ness, sur SC2 (2014) https://www.scepticisme-scientifique.com/episode-233-le-monstre-du-loch-ness/

[6] Kowallis, B. J., Christiansen, E. H. & Deino, A. L. Age of the Brushy Basin Member of the Morrison Formation, Colorado Plateau, western USA. Cretaceous Research 12, 483-493 (1991).

[7] REGNIER, C. Arbre généalogique des hominidés sur Homnidés (2018) http://www.hominides.com/html/ancetres/ancetres.php

[8] Balzeau, A. Lucy, c’était notre ancêtre ou pas ?, sur Musée de l’Homme http://www.museedelhomme.fr/fr/lucy-c-etait-notre-ancetre-pas

[9] König, C. Chromosomes

Dossier - Anatomie comparée de l’homme et du singe, sur Futura Sciences (2015) https://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/anthropologie-anatomie-comparee-homme-singe-694/page/4/

[10] Drouin, G., Godin, J.-R. & Pagé, B. The genetics of vitamin C loss in vertebrates. Current genomics 12, 371-378 (2011).

[11] Fenster, A. L’Église catholique et la science, sur Science Presse (2014) http://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/2014/11/12/leglise-catholique-science

[12] Debove, S. in L’Essentiel Cerveau & Psycho Vol. 18   (2014). http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-pourquoi-les-hommes-sont-ils-devenus-moraux-32921.php

[13] Collectif. Prevalence of teenage pregnancy, sur Wikipedia (2018) https://en.wikipedia.org/wiki/Prevalence_of_teenage_pregnancy#cite_note-ustats-births-1

[14] Bearman, P. S. & Brückner, H. Promising the Future: Virginity Pledges and First Intercourse1. American journal of Sociology (2015).

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[19] NIH. What kinds of gene mutations are possible?, sur (2018) https://ghr.nlm.nih.gov/primer/mutationsanddisorders/possiblemutations

[20] Hervé, M. L’évolution des espèces : mais d’où sort vraiment cette idée ? (2017). https://www.youtube.com/watch?v=CNeFoqVT6LI

[21] Guillocheau, F. La face de la Terre : un milliard d’années d’histoire, sur (2008) https://www.youtube.com/watch?v=z-GdMTvSj64

[22] Steyer, J.-S. La vie avant les dinosaures, sur (2017) https://www.youtube.com/watch?v=8O1KAKhkPo0

[23] Loehle, C. A 2000-year global temperature reconstruction based on non-treering proxies. Energy & Environment 18, 1049-1058 (2007).

[24] Aciego, S., Bourdon, B., Schwander, J., Baur, H. & Forieri, A. Toward a radiometric ice clock: uranium ages of the Dome C ice core. Quaternary Science Reviews 30, 2389-2397 (2011).

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